Le paradoxe de l’embauche inclusive

Le paradoxe de l’embauche inclusive

Dans le cadre d’une conférence sur la neuroinclusion en milieu de travail, on m’a demandé de me prononcer sur des «trucs et astuces» à transmettre à de futurs employeurs souhaitant embaucher une personne neurodivergente. Cette question m’a laissé plutôt perplexe. Bien que peut-être un peu tranchante comme opinion, je vous partage ici ma perception des choses. J’en profite pour m’excuser à l’avance si les propos qui suivront peuvent sembler offensants.

Ma réflexion s’adresse donc ici aux employeurs. (Je m’inclus dans ce groupe puisqu’étant gestionnaire dans une entreprise ayant plus de 160 employés permanents, je crois qu’on peut considérer… qu’on emploie).

Depuis des années, comme gestionnaires, se succèdent les consultants qui nous proposent des webinaires sur «Comment attirer les jeunes travailleurs de la générationZ?», «Comment garder les milléniaux en emploi et les rendre heureux?». On a tous assisté à la mode d’aménager une salle «cool» pour les employés avec des jeux vidéo, des divans relaxants, des machines à pop corn ou encore des tables de «babyfoot». On m’a même déjà parlé de l’organisation de petits déjeuners «mimosa». Quand je vais à des événements d’employeurs et que j’entends ça, je me demande sincèrement, qu’est-ce que ça aurait de si exceptionnel de fournir des coquilles anti-bruits, d’aménager un lieu calme ou de faire une intégration sur 2 semaines au lieu de 3 jours si ça permet à une personne compétente neurodivergente d’intégrer un nouvel emploi?

On parle d’opportunité et de besoins… et bien dans le contexte actuel, je ne comprends pas comment on peut se passer de main-d’œuvre compétente sur le prétexte que nous devrons peut-être (et ce n’est même pas nécessairement vrai pour toutes les situations) revoir certaines de nos pratiques d’embauche.

Pourquoi est-ce qu’on est prêt à dépenser des fortunes en recrutement de travailleurs étrangers et qu’on ne serait pas capable comme employeurs de mettre ce même montant d’argent pour la période d’intégration de personnes neurodivergentes fiables, loyales et engagées?

Combien vous coûtent vos affichages de postes sur les Indeed ou les JobBoom de ce monde ? En sommes, l’embauche inclusive ne coûte pas plus cher que tout ce que nous faisons déjà, ça demande juste à nous aussi, de réfléchir différemment.

Autisme 123 offre une ressource pour les personnes autistes et leurs familles, avec des informations sur l'autisme au Québec et à Montréal.

Pascale Corriveau

Directriceà l’insertion, Propret