Comment communiquent les personnes autistes ?En bref
Les personnes autistes ont souvent des difficultés pour communiquer et interagir avec les autres. Communiquer, c’est beaucoup plus que de simplement parler. On communique avec nos expressions faciales, nos gestes et l'intonation de notre voix. Les blagues, les mots à double sens et les autres détails plus complexes du langage peuvent être difficiles à comprendre, alors imaginez pour les autistes. Il y a aussi plusieurs personnes autistes qui ne parlent pas, ou qui parlent d’une manière différente. Une personne autiste non verbale (qui ne parle pas) pourrait utiliser d’autres modes de communication comme des gestes ou des images (pictogrammes).
Les personnes autistes peuvent rencontrer de nombreux défis en matière de communication. Le langage est un art subtil qui comporte énormément de variables. Communiquer, ce n’est pas seulement émettre et recevoir un message. La difficulté à comprendre et à se faire comprendre peut générer énormément de frustration et isoler la personne socialement. Il faut se rappeler que chaque personne autiste est unique et que ses défis peuvent varier en fonction de nombreux facteurs, notamment l’âge, le niveau de fonctionnement et les compétences individuelles.
Les difficultés au niveau de la communication et des interactions sociales sont un des piliers du diagnostic d’autisme selon le DSM-5.
Le langage parlé
Une partie des autistes n’utilise pas le langage parlé. Pour plusieurs, le langage peut arriver tardivement et devenir pleinement fonctionnel par la suite et pour d’autres, non. Chez les autistes n’utilisant pas le langage verbal, la communication peut passer par d’autres canaux, comme les gestes naturels, les pictogrammes, les Mains animées ou la tablette électronique. Un trouble du langage est souvent un des premiers indices pouvant mener vers un futur diagnostic.
Beaucoup de personnes autistes sont non seulement verbales, mais elles peuvent aussi avoir un vocabulaire particulièrement riche et soutenu. Elles s’en servent parfois pour masquer leurs difficultés sociales, mais on peut, en prolongeant l’échange, prendre conscience des difficultés rencontrées. Il arrive que de très jeunes enfants soient impressionnants dans leur utilisation de termes techniques poussés et qu’ils soient très à l’aise dans l’explication de concept qui leur tiennent à cœur, spécialement s’il s’agit de leur intérêt spécifique. Pourtant, communiquer, c’est beaucoup plus large que de simplement transmettre des informations de manière unilatérale.
Initier une conversation
Aborder une personne, entrer dans une conversation déjà entamée, s’approcher d’un groupe, savoir quand et à quel rythme interagir dans une discussion (le timing entre les tours de parole), surtout si celle-ci contient plusieurs interlocuteurs, toutes ces choses peuvent être autant d’obstacles au début et à la poursuite d’une conversation.
Quitter la conservation
Plusieurs autistes ne remarqueront pas que leur interlocuteur en a assez. S’ils sont enthousiastes quant au sujet de la discussion, surtout si cela se rapproche de leur intérêt spécifique, il se peut qu’ils ne sachent pas s’arrêter et ne voient pas les signaux d’impatience. Si eux-mêmes souhaitent quitter l’échange, ils peuvent rencontrer des difficultés à savoir quand et comment le faire. Dire au revoir de la bonne manière, interrompre ou pas, utiliser les bons mots, les défis sont nombreux.
Savoir choisir les bons mots
Le langage est aussi une question de contexte. Le vocabulaire utilisé variera d’une situation à l’autre, qu’on soit en famille, chez des amis, au travail, dans un lieu public ou ailleurs, le langage changera.
- Formules de politesse
- Vouvoiement et tutoiement
- Degré d’intimité des éléments partagés
- Sujets appropriés
- Durée des échanges
- Langage courant ou langage soutenu
Les sous-entendus, l’ironie et le sarcasme
Les personnes autistes comprennent souvent le premier degré au détriment des subtilités du deuxième sens des mots. Une fois le sens d’une phrase apprise par cœur, il est possible qu’ils soient à même de la comprendre, mais elle peut continuer à les rendre mal à l’aise.
Ma mère disait toujours qu’elle avait un chat dans la gorge. Quand j’étais petit, ça me faisait paniquer et elle riait. Maintenant je comprends ce que c’est, mais je trouve ça dégoûtant. J’imagine le chat coincé, le goût de litière, ses griffes, ça me met vraiment mal à l’aise !
Jérémie, 28 ans, autiste
Le non verbal
La partie non verbale de la communication est essentielle à son bon déroulement. Quelqu’un privé de cette information aura un gros manque dans l’interprétation de ce qui est dit.
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Modulation et intonation de la voix
Pour les personnes autistes, moduler leur voix et son volume peut être ardu, surtout dans des environnements bruyants ou en groupe. Ils peuvent ne pas avoir conscience du volume de leur voix ou éprouver des difficultés à le moduler lorsqu’il y a trop de stimuli. Ils parleront donc trop fort, ou pas assez fort, sans égard au contexte. Aussi, l’intonation est parfois monocorde chez les autistes. C’est-à-dire que certains utilisent peu de variation dans le ton de leur voix.
J’ai reçu un appel téléphonique qui m’a rendue très joyeuse. Lorsque je prenais les informations en note, la secrétaire m’a demandé pourquoi j’étais fâchée contre elle. J’ai réalisé que c’est parce que j’étais trop contente. Cela m’a fait accélérer mon débit et a rendu ma voix plus aigüe. D’une perception externe, je pouvais donc sembler fâchée. Lorsque je vis des émotions, j’ai de la difficulté à gérer mes intonations.
Valérie Jessica, 45 ans, autiste
Le langage corporel
Lors d’échanges, les gens font des gestes qui contribuent à bonifier la communication. Il peut être difficile pour une personne autiste de comprendre le langage du corps chez les autres.
Je suis très attentive aux micromouvements et autres indices que les gens peuvent laisser voir lors d’échanges. Pourtant, souvent, je comprends tout de travers. Nous étions sur la route et j’étais surprise de voir un homme danser joyeusement sur la traverse piétonnière. Mon amie m’a fait remarquer qu’il était en fait en colère, car un automobiliste lui barrait le chemin.
Valérie Jessica, 45 ans, autiste
Les personnes autistes peuvent aussi bouger de manière particulière, ce qui peut faire en sorte qu’ils soient mal compris. Certains ne bougent pas du tout, ou très peu.
Le regard
Plusieurs autistes ont de la difficulté à supporter de regarder dans les yeux. Certains opteront pour des stratégies, comme de regarder à côté et d’autres en seront incapable ou le feront très peu. Beaucoup ont été forcés, voire dressés très jeune à le faire, mais comme cela n’est pas naturel pour eux, il se peut qu’ils le fassent trop et que cela soit confrontant pour l’interlocuteur. Il peut même arriver que cela fasse peur, car c’est inhabituel. C’est sans danger, mais il peut en résulter un réel inconfort.
Les expressions faciales
Il est fréquent que les autistes aient des expressions du visage un peu particulières comme un sourire figé, une neutralité des expressions permanente ou une incohérence entre ce qui est dit et ce qu’ont voit. D’autres ont des expressions faciales exagérées, rire forcé ou visage caricatural. Il faut comprendre que pour une personne autiste, il n’est souvent pas naturel de communiquer ainsi, donc elle doit faire un effort conscient pour utiliser cette méthode, ce qui peut paraitre un peu artificiel d’un œil externe.
Comprendre et interpréter les expressions faciales n’est pas une tâche facile. Cela peut sembler évident pour le rire et les pleurs, mais un visage a beaucoup plus de nuances que ça. Il arrive qu’une personne vive de la frustration devant le manque de réaction d’une personne autiste à son ressenti, mais elle doit se souvenir qu’il est possible que la personne autiste ne se soit pas rendu compte que son interlocuteur vivait quelque chose de particulier.
L’écholalie
L’écholalie est la répétition de mots ou de phrases entendues de la part de quelqu’un, à la radio, dans un dessin animé, etc.
Écholalie immédiate
La personne répétera tout de suite les sons entendus. Elle n’en comprendra pas nécessairement le sens, un peu comme un perroquet. Beaucoup d’autistes utilisent l’écholalie.
Si quelqu’un me surprend d’une phrase qui met mal à l’aise, je vais avoir tendance à répéter ce que la personne a dit mot pour mot, parfois plusieurs fois. Je peux vous garantir que si c'est quelque chose de mal, ça crée de gros malaises. Il vaut mieux en rire.
Valérie Jessica, 45 ans, autiste
Écholalie différée
L’écholalie différée fera en sorte que la personne répétera, mais plus tard, hors du contexte initial.
Les jeunes enfants non autistes peuvent eux aussi répéter des mots ou des phrases entendues lorsqu’ils sont en apprentissage du langage. C’est la mémoire qui emmagasine les sons et les teste, même s’ils n’en comprennent pas forcément la signification. Chez beaucoup d’enfants autistes, cela se produit plus tard.
Les personnes autistes utilisant un langage verbal fonctionnel peuvent aussi faire de l’écholalie.
Lors de stress intense ou de douleur, je répète, zut, la balle a fait ricochet, zut la balle a fait ricochet, c’est comme ça, c’est de l’écholalie différée.
Valérie Jessica, 45 ans, autiste
Mutisme sélectif
Certains autistes sont incapables de s’exprimer verbalement dans des contextes précis. Par exemple, un enfant pourrait pouvoir parler à la maison et ne pas pouvoir le faire à l’école. Il ne faut pas croire que l’enfant s’oppose ou le fait volontairement. Il s’agit bien souvent du mécanisme de la parole qui est littéralement bloqué. Chez une personne qui a accès à la parole dans la plupart des contextes, un stimulus trop fort, un élément stresseur ou un autre facteur peuvent la priver temporairement de parole. La parole est là, mais elle est temporairement inaccessible.