Quand j’ai appris que Léo était autiste, j’ai ressenti un mélange d’émotions contradictoires. Du soulagement d’avoir enfin un diagnostic qui expliquait ses comportements. De la peur face à l’inconnu. De la tristesse en imaginant les difficultés qu’il pourrait rencontrer. Mais surtout, un amour infini pour cet enfant extraordinaire qui voyait le monde d’une façon si unique.
Les réactions !
Ce que je n’avais pas anticipé, c’était la réaction des autres. Famille, amis, des gens qu’on ne connait même pas dans la rue… Tout d’un coup, tout le monde semblait avoir un avis sur mon enfant autiste et sur ma façon de l’élever. Les conseils non sollicités et les regards de pitié ont commencé à pleuvoir. Sans compter les : « Tu devrais essayer ce régime miraculeux », « As-tu pensé à le mettre dans une école spécialisée ? », « Le pauvre, ça doit être tellement dur pour toi »…
Au début, j’ai essayé d’être patiente et compréhensive. Après tout, ces gens voulaient bien faire. Sauf qu’au bout d’un certain temps, ma patience, elle a fondue comme neige au soleil. J’en ai eu assez que l’on traite mon fils comme un problème à résoudre ou une tragédie ambulante. J’en ai eu assez que l’on remette constamment en question mes choix parentaux. J’en ai eu assez que l’on refuse de voir Léo tel qu’il est vraiment : un enfant merveilleux, intelligent et aimant.
C’est pourquoi aujourd’hui, je dis haut et fort : laissez mon enfant tranquille !
On veut seulement être tranquille.
Laissez-le tranquille avec vos thérapies miracles et vos régimes farfelus. Mon fils n’a pas besoin d’être « guéri ». L’autisme fait partie intégrante de qui il est, ce n’est pas une maladie dont on peut se débarrasser. Ce dont il a besoin, c’est de compréhension, d’acceptation et de soutien pour s’épanouir tel qu’il est.
Laissez-le tranquille avec vos attentes. Oui, Léo peut parfois avoir des comportements qui vous semblent bizarres. Il peut se balancer d’avant en arrière quand il est stressé, ou répéter la même phrase sans arrêt quand il est excité. Ce ne sont pas des « caprices » ou des « mauvaises habitudes ». Ce sont ses façons de communiquer et de réguler ses émotions.

Laissez-le tranquille avec vos comparaisons. Non, Léo ne sera probablement jamais comme les autres enfants de son âge. Et c’est parfaitement normal. Chaque enfant se développe à son rythme, autiste ou non. Mon fils a ses propres forces et ses propres défis. Je refuse de le mesurer constamment à une norme arbitraire qui ne tient pas compte de sa neurodiversité.
Laissez-le tranquille avec votre pitié mal placée. Mon fils n’est pas une victime et je ne suis pas une martyre. Oui, notre vie peut parfois être compliquée. Oui, il y a des moments difficiles. Mais il y a aussi tellement de joie, d’amour et d’émerveillement. Léo m’apprend chaque jour à voir le monde différemment, à apprécier les petites choses, à sortir des sentiers battus. Notre vie n’est pas une tragédie, c’est une aventure.
Laissez-le tranquille avec vos jugements sur ma façon d’être parent. Non, je ne suis pas trop laxiste quand je le laisse stimmer. Non, je ne suis pas trop stricte quand j’insiste pour qu’il respecte certaines routines. J’ai appris à connaître mon fils, ses besoins et ses limites. Je fais de mon mieux pour l’accompagner et le soutenir. Je n’ai pas besoin de vos conseils non sollicités ou de votre approbation.
Enfant autiste : Nos réels besoins
Ce dont nous avons besoin, c’est que vous nous laissiez être qui nous sommes. Que vous acceptiez Léo tel qu’il est, avec ses différences et ses particularités. Que vous voyiez au-delà de l’étiquette « autiste » pour découvrir l’enfant merveilleux qu’il est.
Léo a ses propres centres d’intérêt, souvent intenses. En ce moment, c’est l’astronomie. Il peut passer des heures à parler des planètes, des étoiles et des galaxies. Certains pourraient trouver cela ennuyeux. Moi, je suis fascinée par sa passion.
Il a sa propre manière de communiquer et d’exprimer ses émotions. Parfois avec des mots, parfois avec des gestes, parfois avec des dessins ou des chansons. J’ai dû apprendre à décoder son langage unique, à être attentive aux signes subtils. Cela m’a rendue plus empathique et plus à l’écoute, non seulement envers lui mais envers tous ceux qui m’entourent.

Il a ses propres défis aussi, bien sûr. Les changements imprévus peuvent le perturber profondément. Les environnements bruyants ou trop stimulants peuvent le submerger. Les interactions sociales peuvent être source d’anxiété et de confusion. Mais plutôt que de voir ces difficultés comme des problèmes à résoudre, j’ai appris à les considérer comme des opportunités. Des opportunités pour Léo de développer sa résilience et ses stratégies d’adaptation. Des opportunités pour moi d’être créative et de trouver des solutions originales. Des opportunités pour la société de devenir plus inclusive et plus accueillante envers la neurodiversité.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit au fond : d’inclusion et d’acceptation. Pas de tolérance condescendante ou de pitié mal placée. D’une véritable reconnaissance de la valeur et de la dignité de chaque être humain, quelles que soient ses différences.
L’autisme n’est pas une tragédie. Ce n’est pas non plus un super-pouvoir. C’est simplement une façon différente d’être au monde, de percevoir, de penser, de ressentir. Une façon qui a ses forces et ses défis, comme toute autre neurodiversité.
Laissez-le être lui-même, s’épanouir à son rythme, explorer le monde à sa manière. Mais ne le laissez pas seul. Soyez là pour lui, avec bienveillance et ouverture d’esprit. Apprenez à le connaître au-delà de ses comportements parfois déroutants. Découvrez la richesse de sa personnalité, la profondeur de ses émotions, l’originalité de sa pensée.
Et surtout, n’ayez pas peur. N’ayez pas peur de l’autisme, n’ayez pas peur de la différence.
Je rêve d’un monde où Léo et tous les autres enfants autistes pourront grandir sans avoir à se conformer à une norme étroite et arbitraire. Un monde où ils auront accès aux soutiens dont ils ont besoin sans pour autant être stigmatisés ou marginalisés.

Ce monde, nous pouvons le construire ensemble. En commençant par changer notre regard sur l’autisme. En apprenant à écouter vraiment les personnes autistes, à respecter leurs besoins et leurs choix. En créant des environnements plus inclusifs et plus adaptés à la diversité des fonctionnements neurologiques.
Cela demande des efforts, de la patience, de l’empathie. Cela demande de remettre en question nos préjugés et nos habitudes. Mais le jeu en vaut la chandelle. Car en acceptant et en valorisant la neurodiversité, c’est toute notre société qui s’enrichit.
Ce que Léo et son autisme m’ont appris
Léo m’a appris tant de choses depuis qu’il est entré dans ma vie. Il m’a appris à ralentir, à être plus présente dans l’instant. Il m’a appris à communiquer de façon plus claire et plus honnête. Il m’a appris à apprécier la beauté dans les détails que je ne remarquais même pas auparavant.
Mais surtout, il m’a appris la force de l’amour inconditionnel. L’amour qui accepte l’autre tel qu’il est, sans chercher à le changer. L’amour qui soutient sans étouffer, qui guide sans contrôler. L’amour qui célèbre chaque petit progrès, chaque victoire, aussi minime soit-elle aux yeux des autres.
Alors oui, une dernière fois : laissez mon enfant autiste tranquille. Laissez-le être lui-même, dans toute sa merveilleuse unicité. Et si vous ne pouvez pas le comprendre ou l’accepter tel qu’il est, alors c’est vous qui avez un problème, pas lui.
Mon fils est parfait tel qu’il est. Autiste et merveilleux. Différent et extraordinaire. Et je ne le changerais pour rien au monde.
Laurie, maman de Léo, autiste