Régulation sensorielle

C'est quoi la régulation sensorielle ?
En bref

Le corps est toujours en train d’envoyer des informations au cerveau sur l’environnement. C’est ce qui nous permet d’avoir des sensations. Notre cerveau interprète ces sensations et leur donne un sens, c’est ce qui nous permet d’être conscients de notre corps et de comprendre le monde autour de nous. Mais parfois, le cerveau peut être dépassé par la quantité d’informations reçue de la part du corps. À ce moment, les informations envoyées par le corps ne font plus de sens. C’est ce que l’on appelle la dérégulation sensorielle. Ça peut arriver à tout le monde, mais c’est beaucoup plus fréquent chez les personnes autistes. Pour cette raison, les personnes autistes ont besoin de faire des actions qui permettent de conserver une bonne régulation sensorielle.

La régulation sensorielle, c’est lorsque le cerveau interprète les informations venant du corps dans un ordre logique de manière à ce que l’on puisse comprendre notre environnement. Les personnes autistes ont intuitivement recours à plusieurs techniques pour à la régulation sensorielle. Lorsque l’on dit intuitivement, on fait référence à une action que l’on a apprise sans se le faire expliquer (ex.: se gratter lorsque ça nous pique est intuitif). Les personnes autistes vont faire intuitivement deux types d’actions permettant une bonne régulation sensorielle : l’évitement sensoriel et la recherche de sensation.

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Note

Bien que les personnes autistes trouvent intuitivement toute sorte d'astuces pour la régulation sensorielle, il est aussi possible d’en apprendre des autres. Par exemple, les éducateurs et éducatrices spécialisés sont formés pour aider à trouver de nouveaux outils de régulation sensorielle et améliorer ceux qui fonctionnent déjà. Il existe aussi des groupes de partage entre autistes, afin d’échanger vécu, astuces et conseils.

L’évitement sensoriel

L’évitement sensoriel regroupe toutes les actions que les autistes peuvent prendre pour éviter une sensation qui peut nuire à leur interprétation des sensations. Les personnes autistes peuvent vouloir éviter certaines situations (ex. : magasiner) ou certains lieux physiques (ex. : un centre d’achat). Il y a aussi des méthodes barrières pour bloquer les sensations comme fermer les yeux, boucher ses oreilles, porter des vêtements long ou très grand. Il est possible d’améliorer ces méthodes barrières en utilisant les bons outils, comme des lunettes de soleil ou des casques d’écoute réducteurs de bruit.

Parfois, les sensations désagréables pouvant mener à des surcharges sensorielles sont inévitables. Par exemple, faire réparer une carie chez le dentiste est désagréable pour tout le monde. La lumière, le son des instruments, et toutes les autres sensations entourant la procédure peuvent être encore plus difficiles pour les personnes autistes. Il est donc important de prévoir en avance des outils de barrière sensorielle qui peuvent être utilisés durant la procédure.

En fait, dans le quotidien, il y a des actions qui doivent être faites, peu importe si l’on n’aime les sensations qu’elles provoquent; comme se laver, ou se brosser les dents. Certaines personnes autistes pourraient être tentées de ne pas se laver pour éviter la dysrégulation sensorielle. Mais pour une question de santé, il vaut mieux trouver des moyens agréables, ou moins désagréables, de faire les actions de soins. Il est possible de trouver un pommeau de douche avec un jet doux, de choisir un savon en fonction de son odeur et de sa texture, de prendre toujours le même modèle de brosse à dents aux soies ultras souples, etc. Au lieu d’éviter toutes les sensations liées aux soins, il est possible d’échanger les sensations désagréables par des sensations plus agréables. L’important c’est que les techniques d’évitement sensorielles aident à maintenir une bonne régulation sensorielle sans empêcher l’accomplissement d’actions essentielles. Cela s’applique pour toutes les autres situations de la vie qui sont obligatoires, mais qu’une personne autiste veut éviter pour maintenir une bonne régulation sensorielle.

Recherche de sensation

La recherche de sensation pour les personnes autistes consiste, comme son nom l’indique, à chercher des actions de manière répétée. Il y a une grande famille de comportements qui est parfois appelée « stims » et qui comprend toutes les actions répétitives permettant la régulation sensorielle. Il y a une grande variété de stims; agiter ses mains, mâchouiller un accessoire en caoutchouc, flatter un toutou, etc. Les stims servent à chercher des sensations de manière répétée. Ça fonctionne un peu comme un métronome qui donne le tempo à un musicien pour l’aider à suivre les temps sans jouer trop vite ni trop lentement. Grâce à la sensation régulière, le cerveau peut plus facilement trier les informations qu’il reçoit du corps.

La recherche de sensation peut aider la personne autiste à ignorer les autres sensations envoyées par le corps. C’est comme si le cerveau prenait une « récréation » pour faire son activité préférée sans se soucier du reste. Dans ces moments, la personne autiste aura moins conscience de son environnement. La personne autiste ne fera pas d’autres actions que chercher la sensation. La personne autiste pourrait même ignorer son nom si on l’appelle. Ces récréations sont très importantes pour les personnes autistes. Parfois, les informations envoyées par le corps sont trop nombreuses, et le cerveau ne peut pas tout traiter. Lorsque la recherche de sensation permet à la personne autiste d’ignorer les autres sensations, ça donne le temps aux cerveaux de faire un « rattrapage » et à la personne autiste de simplement se reposer. Cela évite à la personne de devenir dérégulée ou surchargée.

La recherche de sensation peut aussi permettre à la personne autiste d’être plus concentrée sur son environnement. Cela peut même aider la personne autiste à faire des actions compliquées comme faire à manger, étudier pour un examen, ou s’habiller. À ce moment, la recherche de sensation servira de métronome, en cherchant une sensation régulière, la personne autiste pourra coordonner ses actions avec la sensation.

La recherche de sensation peut aussi faire en sorte que les personnes autistes aient de forte préférence pour leur routine. La routine permet de vivre encore et encore les mêmes sensations. Tous les cerveaux ont plus de facilité à comprendre les sensations déjà connues. Mais, le cerveau des personnes autistes est plus sensible à la différence. Deux marques de céréales qui semblent identiques peuvent apporter des sensations différentes. Les personnes autistes sont plus susceptibles de les remarquer. La surprise d’une sensation presque pareille, mais un peu différente peut provoquer une dérégulation. Les routines et les habitudes peuvent sembler rigides pour les personnes allistes (non-autistes), mais elles peuvent être très importantes pour le bien-être de la personne autiste. En effet, revivre exactement les mêmes sensations facilite la régulation sensorielle.

Catherine Bouchard-Tremblay

Vulgarisatrice scientifique​

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