C'est quoi un effondrement ?En bref
L’effondrement (meltdown), c’est lorsque la personne autiste perd le contrôle. Souvent, c’est parce qu’elle a reçu une grande quantité d’information en provenance des sens ou qu’elle a vécu trop d’émotions sans pouvoir se reposer ou fuir. C’est donc très important de respecter les limites des personnes autistes. La perte de contrôle peut parfois ressembler à une crise de panique, à une colère ou à un comportement étrange comme des gestes inhabituels. La personne autiste ne peut pas arrêter d’avoir cette crise et il ne sert à rien de lui dire de se calmer ou de faire des efforts. Il ne faut pas toucher ou forcer la personne à quelque chose. Il est préférable d’éloigner un groupe qui pourrait se former autour d’elle afin de la laisser se calmer. Si elle comprend ce qui se passe et qu’on a une solution pour lui permettre de s’isoler, on peut lui proposer de nous accompagner dans un emplacement plus calme.
Meltdown
Pourquoi est-ce que les autistes ont des effondrements ?
La surcharge sensorielle se produit lorsqu’il y a trop d’informations, de stimuli sensoriels et émotionnels pour le cerveau qui peine à s’adapter. Les personnes autistes peuvent être particulièrement vulnérables à cette expérience. Si le repos n’est pas possible à court terme, le comportement de la personne autiste peut changer, entrainant une explosion d’émotions et de sensations qui peuvent se manifester sous la forme d’un effondrement (meltdown) ou d’une fermeture (shutdown).
Sensations internes avant et pendant l’effondrement
Juste avant et pendant l’effondrement ou la fermeture, la personne autiste peut ressentir différentes sensations liées à la surcharge sensorielle ou émotionnelle. La vision peut devenir floue, la personne peut ressentir de la chaleur, de la sueur, ou constater que ses joues deviennent rouges. La personne peut percevoir des sensations dans son estomac, comme des brulures ou des chatouillements. Elle peut même ressentir des brulures sur la peau de sa poitrine et de son dos, ou avoir l’impression que ses muscles deviennent plus forts ou plus faibles. Il n’est pas nécessaire de ressentir tout cela lors d’un effondrement ou d’une fermeture. Cependant ces sensations sont des indices annonciateurs.
L’effondrement
L’effondrement, c’est lorsque les conséquences de la surcharge s’expriment vers l’extérieur. La personne autiste vivant un effondrement aura une impression de perte de contrôle de ses comportements. C’est comme si toute la pression accumulée à force d’agir comme de manière « normale » devait sortir tout d’un coup. Cela peut se manifester par des pleurs et des cris. La personne faisant un effondrement peut avoir des comportements agressifs envers elle-même, des objets ou encore frapper des surfaces comme les murs ou le plancher. Cependant, la personne n’a pas d’intention violente. La personne autiste en effondrement peut aussi bouger de manière rapide et désordonnée ou balancer son corps avec force. L’effondrement peut parfois commencer par un effondrement physique, c’est-à-dire que la personne faisant l’effondrement peut se laisser tomber sur le sol.
Comment réagir face à un effondrement autistique ?
Durant l’effondrement, il est inutile et même nuisible de crier à la personne autiste d’arrêter « sa crise ». Si elle était capable de le faire, elle aurait déjà arrêté. Au contraire, crier ou parler avec autorité peut ajouter une stimulation qui augmentera la crise surtout si la personne qui fait preuve d’autorité n’est pas une personne connue.
Mise en situation
Un sauveteur parle avec autorité à un enfant autiste qui vit un effondrement. Comme il n’est pas connu de l’enfant, il augmente l’intensité de la crise et peut même mettre l’enfant en danger, car celui-ci pourrait être tenté de fuir.
Cependant, en tant que personne témoin d’un effondrement, il est possible d’agir pour aider la personne autiste à reprendre le contrôle de ses comportements. Si la communication est possible avec la personne autiste faisant un effondrement, le simple fait de mentionner que vous êtes à l’écoute peut aider. La personne en effondrement pourra vous donner de précieux indices sur ce qui provoque la crise, par exemple l’environnement sonore, les demandes d’interactions sociales répétées, ou un changement de routine. En écoutant bien, peut-être trouverez-vous la cause. À partir de ce moment, il sera possible de rétablir la situation. S’il n’est pas possible de régler le problème, le simple fait de reconnaitre que la surcharge est réelle peut être rassurant. Cependant, trop de demandes sociales peuvent faire paniquer la personne autiste. Il vaut donc mieux se contenter d’une ou deux questions simples. Si la personne autiste en effondrement ne répond pas, il ne faut pas le prendre mal. La personne autiste est peut-être incapable de communiquer pour le moment.
J’ai eu une crise sur un pont en bois qui m’a fait peur lors d’une course en forêt. Le guide a posé deux questions : Es-tu blessée ? Es-tu tombée ? J’ai réussi malgré le fait que je ne pouvais plus parler, à faire non de la tête. Ainsi, il a su qu’il valait mieux attendre de manière sécuritaire, en me laissant de l’espace. Au bout d’un moment, j’ai réussi à avancer, mais pas à parler. Je continuais de pleurer, mais je n’étais pas en danger ni laissée seule sur le pont.
Valérie Jessica, 45 ans, autiste
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Important
Même une fois la situation rétablie, la personne en effondrement demeurera en effondrement, car elle vient d’épuiser ses ressources mentale et physique. Elle ne peut pas les retrouver en un coup de baguette magique. En revanche, régler le dernier élément ayant fait basculer la personne vers la crise permettra d’éviter d’en ajouter. C’est souvent la première étape vers le retour au calme.
Faire un effondrement est déjà quelque chose d’épuisant. Lorsque cela arrive devant des gens, surtout dans un lieu public, l’effondrement peut être vécu par la personne autiste comme humiliante. Il est donc préférable d’éviter de se regrouper autour de la personne en état d’effondrement. Ce n’est pas un spectacle. Tout dépendamment de la force de la crise, une ou deux personnes peuvent porter assistance en offrant un endroit calme et sécuritaire. Certaines personnes autistes préfèreront vivre leur effondrement seul. D’autres voudront le vivre, accompagnés. Certains voudront éviter tout contact physique. D’autres pourront demander des câlins ou vouloir la présence d’un animal. Chacun est différent.
Important
Parfois, une personne autiste vivant un effondrement ne sera pas en mesure de communiquer avec ses moyens habituels (ex. : parole, langage des signes, écholalie ou synthétiseur de parole). Cela ne veut pas dire que la personne autiste n’est pas en mesure de comprendre ce que les autres lui communiquent. Il est donc important de ne pas parler de la personne autiste comme si elle n'était pas là. C’est blessant d’être ignoré.
Situations dangereuses
La plupart du temps, même si les effondrements des personnes autistes peuvent sembler spectaculaires pour les autres, ce n’est pas dangereux. Les pleurs, les cris ou les sensations corporelles ne mettent aucune personne en danger. Ces comportements sont les plus fréquents. Cependant, il peut arriver que les effondrements placent la personne autiste ou les autres en danger. Ce n’est pas l’intention de la personne autiste. Heureusement, il est possible de diminuer les risques.
Stims dangereux
Les stims, ou autostimulations sont essentiels pour permettre aux personnes autistes de se calmer par eux même. Lors des effondrements, certains stims peuvent mettre à risque la personne autiste. Par exemple, la personne pourrait frapper sa tête contre le mur ou se frapper à la tête. Il n’est pas recommandé d’empêcher la personne de faire des mouvements avec la force. Cela mettrait la personne autiste et la personne témoin à risque de blessure. Il est possible de proposer des surfaces souples (comme un oreiller) à la personne pour que les gestes ne blessent pas.
Autres formes de collision avec des objets et des personnes
Il est possible que dans les moments d’effondrements, la personne autiste bouge vite et avec force. Il y a alors la possibilité que la personne autiste se blesse ou blesse d’autres personnes. Au mieux de nos capacités, il est possible de créer un espace sécuritaire. On peut proposer à la personne d’aller dans une pièce où il y a de l’espace, s’assurer que les autres humains n’essaient pas d’intervenir physiquement, et éloigner des objets. Il ne faut pas enfermer la personne dans une petite pièce, surtout si la personne est un enfant. Cela peut traumatiser la personne et il sera plus difficile à l’avenir d’avoir sa confiance. De plus, cela ne diminuera pas le temps de la crise ni le risque que la personne se blesse. Vers la fin de l’effondrement ou juste après, les personnes autistes auront de forte chance de choisir eux-mêmes de se reposer dans une pièce seule lorsqu’elles ont confiance à leur environnement et à leur entourage.
Quoi faire si l’on a des effondrements dangereux?
Même si les effondrements sont la conséquence d’une accumulation, ce n’est pas un laissé passer pour tous les comportements. Frapper les autres ou crier des insultes apportera des conséquences négatives envers soi. Personne ne mérite d’être frappé ou insulté. Donc si ces comportements violents se mélangent à vos effondrements il est important de consulter. Un service d’aide en psychologie, en psychoéducation, en travail social ou de la part d’un groupe de soutien peuvent aider à mettre en place des stratégies pour lorsque cette situation se produit. La violence ne fait pas partie des effondrements.
Vivre après effondrement
Il n’y a pas de honte à faire des effondrements. C’est juste un signe que la personne autiste a compensé trop longtemps dans un environnement qui ne lui convient pas. Certes, après un effondrement, la personne autiste peut ressentir toute sorte d’émotions négatives qui affectent son estime de soi. Cependant, il est possible de voir les effondrements comme des périodes d’apprentissages. L’effondrement nous informe qu’une limite a été franchie. Connaitre ses limites est une étape essentielle pour prendre soin de soi.
Après un effondrement, la personne autiste se sentira probablement épuisée. C’est le moment de s’assurer que la personne autiste aura accès au calme et à la routine que son corps demandait. La personne autiste pourrait vouloir dormir ou faire une activité rassurante liée à son intérêt spécifique ou à un stim calmant. Dans tous les cas, il s’agit de bonne stratégie pour permettre au corps et à l’esprit de se remettre.