Autisme et diversité de genreEN BREF
Plusieurs études s’entendent pour dire que les personnes autistes sont plus susceptibles de faire partie de la diversité de genre. Bien que les raisons ne soient pas encore très claires, cela pourrait être dû au fait que les personnes autistes ressentent moins la pression sociale d’entrer dans le moule. La personne autiste qui ne s’identifie pas à son sexe assigné à la naissance aura plus tendance à intégrer facilement cette facette de sa personnalité en comparaison avec une personne neurotypique. Une personne autiste ET faisant partie de la communauté LGBTQ+ est plus à risque de vivre de la discrimination dans le système de santé, dans les emplois, dans les services publics (et plus) due à cette double différence. Cela fait en sorte que de nombreuses personnes neurodivergentes queers ne sont pas diagnostiquées et/ou ne bénéficient d'aucun soutien.
Qu’est-ce que la diversité de genre ?
Identité de genre
L’identité de genre est le sentiment profond et personnel d’être de genre masculin ou féminin, ni de l’un ni de l’autre, ou encore des deux. Ce sentiment apparaît souvent très tôt dans l’enfance, parfois même dès l’âge de 2 ans.
Toutes les personnes ont une identité de genre. Pour la majorité d’entre elles, leur identité de genre correspond à leur sexe assigné à la naissance, en fonction de leurs caractéristiques physiologiques : elles sont cisgenres.
Diversité de genre
La diversité de genre est un terme utilisé pour exprimer toutes les variantes de genre qui existent, c’est un spectre, comme l’autisme. Il y a donc différentes façons de se sentir et de se présenter.
Toutes les personnes s’identifiant à la diversité de genre font partie de la communauté LGBTQ+. Les lettres T et Q de l’acronyme font d’ailleurs référence aux identités trans et queer.
Le terme queer est un terme général qui veut dire que la personne s’identifie hors du système d’identité de genre traditionnel.
Quelques statistiques
Il est difficile de connaitre le pourcentage exact de personnes LGBTQ+, puisqu’il y a encore beaucoup de tabous entourant le sujet, ce qui nous prive du portrait réel.
- Dépendamment des sources, 10 à 18 % de la population générale ferait partie de la communauté LGBTQ+.
- Les autistes sont 6 à 8 fois plus susceptibles de faire partie de la diversité de genre.
- Une étude a fait l’état des besoins de la population adolescente autiste et diversifiée sur le plan du genre. 70 % nommaient avoir besoin de soins médicaux tenant compte de leur identité et 32 % de ces personnes ont déclaré avoir été remises en question sur leur identité de genre en raison de leur diagnostic d’autisme.
Être autiste ET avoir une diversité de genre
Intersectionnalité des deux identités
Les autistes peuvent vivre de la discrimination due à leur neurodivergence et les personnes ayant une identité de genre diversifiée peuvent vivre de la discrimination due à leur identité de genre.
Qu’en est-il d’une personne autiste ET faisant partie de la diversité de genre ?
Important
Cette personne vit deux formes de marginalisation et de discrimination, c’est ce qu’on appelle l’intersectionnalité.
- En général, les personnes LGBTQ+ ont moins de chances d'obtenir les soins de santé qu'elles méritent et, donc, moins de chances de recevoir certains diagnostics (comme l’autisme) et les soins correspondants.
- Les femmes et les personnes assignées femme à la naissance sont régulièrement sous-diagnostiquées en ce qui concerne la neurodivergence. Ceci s'explique notamment par le fait que les critères de diagnostic ne tiennent pas toujours compte de la façon dont la neurodivergence peut se manifester chez les personnes qui sont socialisées comme des filles, car elles ont souvent une "présentation plus silencieuse" des symptômes neurodivergents traditionnels.
- Les personnes autistes et LGBTQ+ seraient aussi plus à risque de souffrir de problèmes de santé mentale. Ce risque s’avère particulièrement important dans le cas des personnes autistes et trans qui, s’attendent à ce que leurs relations interpersonnelles soient facilitées à la suite de leur transition de genre. Elles peuvent être déçues de constater que leurs difficultés sociales liées à l’autisme persistent.
En résumé, la discrimination dans le système de santé et dans les services publics (sans compter les autres sphères de la société) fait que de nombreuses personnes neurodivergentes queers ne sont pas diagnostiquées et/ou ne bénéficient d’aucun soutien.
« […] les environnements queer ne tiennent pas souvent compte de nos problèmes de traitement sensoriel ou de nos différences sociales, tandis que les services en autisme ne reconnaissent pas souvent que nous pouvons nous identifier en dehors du binaire de genre ou avoir des relations queer. » « Pourquoi enseigner aux filles autistes comment se maquiller, s’habiller de façon féminine et magasiner? » Iel laisse entendre que : « les thérapeutes, les éducateurs et les parents ne considèrent ces objectifs comme importants que parce que notre société impose des normes strictes en matière de genre. »
Emily Brooks, autiste - Spectrum News
Important : Iel
Iel est un pronom personnel utilisé afin de désigner quelqu’un de façon neutre, sans égard à son genre. La forme iel est une combinaison du pronom il et du pronom elle.
Fait intéressant
Il existe plusieurs autres nouveaux pronoms (qu’on appelle néopronoms) comme ul et al. Pour savoir quel pronom utiliser, il suffit de demander à la personne quel(s) pronom(s) et accords iel utilise.
Voici un exemple d’une phrase avec le pronom al et des accords féminins.
L’autre jour, Charlie racontait une blague. Al a terminé en disant ne pas se rappeler de la fin. On lui a dit qu’al avait été courageuse de nous dire la vérité.
Comment faire mieux ?
Il y a plusieurs façons de faire mieux, que ce soit en tant qu’individu ou en tant que société. Se tenir informé.e, respecter les personnes et améliorer l’accessibilité aux services sécuritaires sont les solutions qui ressortent le plus.
En tant qu’individu
- Être un.e allié.e en respectant le droit d’une personne à se définir elle-même, à travers sa propre identité de genre.
- Être un espace sûr (safe space) pour les personnes LGBTQ+ de l’entourage en étant à l’écoute de leur réalité, en les respectant (en utilisant le bon prénom, les bons pronoms et accords) et en évitant tout jugement.
- Intervenir et créer un dialogue chaque fois que nous sommes témoins d’homophobie, de transphobie ou de discrimination fondée sur la capacité physique.
- Utiliser des films, des balados et des vidéos sur YouTube pour explorer et célébrer la diversité des identités.
- S’engager à continuer d’apprendre afin de comprendre et de faire connaître la culture des personnes handicapées et les communautés LGBTQ+.
- Rester soi-même. Célébrer les autres. Chaque personne a le droit d’être elle-même dans toutes les communautés.
Je n’avais pas envie de me pencher sur la question du genre. Je ne m’identifiais ni aux garçons ni aux filles, mais j’aurais souhaité qu’on me laisse tranquille à ce sujet et que je puisse me vêtir et me couper les cheveux à ma guise. Les paramètres de l’identité, à l’époque, étaient trop rigides pour moi. Si j’avais pu explorer plus tôt les diverses représentations extérieures du genre, je crois que j’aurais moins détesté aussi longtemps mon corps et mon apparence. À l’âge adulte, je réalise que j’aurais aimé pouvoir passer d’une apparence plus masculine à une apparence plus féminine selon mes objectifs et besoins de la journée en cours. À 46 ans, maintenant, j’ai le sentiment qu’il est trop tard et mon corps ne me permet plus d’explorer le look qui m’aurait réellement représentée, à 100%, avec toutes mes subtilités et facettes. J’en éprouve une certaine déception.
Valérie Jessica, 46 ans, autiste
En tant que société
- Créer plus d’espaces sûrs (safe space). Les espaces sûrs sont des environnements désignés dans lesquels les personnes peuvent être à l’abri du danger et de tout jugement. Il peut s’agir d’un bureau, d’un bâtiment, d’un événement, d’une entreprise, etc. Il peut s’agir d’un espace figuratif comme un groupe en ligne, un cours en ligne, etc.
- Créer plus d’endroits d’autoexploration. Un endroit où les personnes sont en sécurité et peuvent partager leur vécu, leurs peurs, leurs pistes de solutions.
- Créer des espaces sécuritaires de dialogue entre les personnes de toutes les identités et de tous les spectres.
- Améliorer les connaissances sur les enjeux de la communauté LGBTQ+, de la neurodiversité et favoriser l’autodétermination de ces personnes.
- Miser sur l’éducation sexuelle complète en incluant les croisements entre la neurodiversité et la diversité sexuelle et de genre.
- Les praticien.nes, les chercheur.euses et les expert.es de la communauté médicale qui travaillent avec les autistes doivent s’informer des dernières recherches universitaires et des pratiques exemplaires en matière de soutien clinique, en tenant compte des besoins de la communauté LGBTQ+.
Pour en savoir plus
Vous voulez en apprendre plus sur la communauté LGBTQ+ ?
Voici quelques liens pertinents :
Références
- https://www.cam.ac.uk/research/news/autistic-individuals-are-more-likely-to-be-lgbtq
- https://bienetreautiste.com/blogs/infos/autisme-et-identite-lgbtqa
- https://aidecanada.ca/fr/resources/apprendre/%C3%A9ducation/LGBTQ2S
- https://other-autism.com/2023/07/08/season-3-kickoff-exploring-the-intersection-of-autism-and-non-monogamy/
Note
Sur ce site, nous employons une écriture traditionnelle pour simplifier la lecture et faciliter la compréhension, notamment pour ceux ayant des difficultés d’apprentissage. Toutefois, dans nos sections dédiées à la diversité sexuelle et de genre, nous utilisons des néopronoms afin de respecter et de mieux communiquer avec les personnes concernées, familières avec ces formes.