Autisme et emploi : les obstacles

Quels sont les obstacles à l’emploi chez les personnes autistes ?
EN BREF

Avoir un emploi, c'est plus que de seulement savoir faire ce qu'on nous demande. Même si on sait comment accomplir le travail, une personne autiste peut faire face à beaucoup d'autres défis qui n'ont rien à voir avec le travail lui-même. C’est pour ça qu’il est important d’être bien informé. Si on comprend bien nos défis, il est plus facile de s’outiller pour y faire face.

Autisme 123 offre une ressource pour les personnes autistes et leurs familles, avec des informations sur l'autisme au Québec et à Montréal.

Les obstacles en milieu de travail pour les personnes autistes

Obtenir et conserver un emploi va souvent bien au-delà de la simple capacité à effectuer les tâches requises. En effet, même si une personne a toutes les compétences nécessaires pour réaliser son travail, si elle est autiste, elle peut se heurter à de nombreux autres obstacles qui n’ont pas vraiment de lien direct avec les tâches professionnelles elles-mêmes. Ces obstacles peuvent être variés et toucher différents aspects de la vie professionnelle, allant de la communication avec les collègues à la gestion des changements dans l’environnement de travail, en passant par la compréhension des attentes non dites et la gestion de la charge sensorielle ou émotionnelle.

Tout cela signifie que, pour une personne autiste, naviguer dans un environnement de travail va bien au-delà de ses responsabilités professionnelles habituelles et nécessite une compréhension et un soutien supplémentaires pour surmonter ces défis uniques.

Liste des obstacles qu’ont à relever les personnes autistes au travail

Communication

Compréhension des instructions verbales

Comprendre les subtilités et les intentions cachées sera souvent complexe. Un employeur peut, par inadvertance, communiquer des directives incomplètes, en présupposant que les parties non dites seront intuitivement comprises, ce qui n’est généralement pas le cas. Par conséquent, il est crucial d’adopter une communication claire et précise, en évitant toute ambiguïté, surtout lorsqu’il s’agit d’instruire une personne autiste, pour qui la clarté et la concision sont particulièrement importantes.

Difficultés de communication non verbale

Interpréter le langage corporel, les expressions faciales, et les autres signaux sociaux est un défi récurent pour les personnes autistes. Espérer qu’une intention sera comprise en l’exprimant avec une expression faciale risque d’être inefficace. Utiliser une communication claire est essentiel.

Difficultés dans la compréhension des règles implicites du lieu de travail

Des malentendus peuvent survenir si les directives sont interprétées de manière littérale. Certains termes ou expressions ne reflètent pas toujours leur sens intentionnel. Pour éviter la confusion, il est recommandé d’opter pour un langage clair et précis. Par exemple, l’expression « Lâche pas », qui signifie encourager à persévérer, peut porter à confusion, en particulier dans des contextes où il est nécessaire de diminuer l’effort ou de se détendre. Une communication directe et sans équivoque est donc essentielle pour assurer une compréhension mutuelle.

Interprétation littérale du langage

Les idiomes, le sarcasme, ou le langage figuratif peuvent être difficiles à comprendre. La personne peut ne pas réaliser qu’une blague est dite. Il peut être difficile de différencier la moquerie et le fait de rire avec la personne. Parfois, on utilise le contraire de ce qu’on veut énoncer pour le dire. Lorsqu’un tel langage est utilisé, la personne autiste pourrait ne pas comprendre. Exemple : Il fait beau ! alors que c’est tout le contraire.

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Prise de parole en public

L’anxiété ou la difficulté à s’exprimer devant un groupe est fréquente chez les personnes autistes. Si c’est le cas, on peut simplement permettre à la personne de communiquer devant une seule personne à la fois.

Capacité à demander de l’aide

Exprimer le besoin d’assistance ou de clarification peut être très demandant pour une personne autiste. Il est possible qu’elle craigne de déranger, ou de dire la mauvaise chose. Peut-être qu’elle ne sait pas à qui elle doit poser quel type de question ou alors quand est-ce que c’est le bon moment pour le faire. Clarifier ce processus, à qui et quand demander quoi sera d’une grande aide.

Particularités sensorielles

Gestion des stimuli

Des réactions fortes aux stimuli sensoriels tels que le bruit, la lumière, ou le toucher sont fréquentes chez les personnes autistes. Il arrive aussi qu’au contraire, les messages en provenance d’un sens ne se rendent pas bien (hyposensibilités sensorielles). Dans la plupart des cas, les adaptations sont plutôt simples à mettre en place.

Concentration

Bien que les recherches indiquent que les personnes autistes ont des capacités de concentration hors normes (capacité accrue à focaliser leur attention sur certaines tâches), des distractions dans un environnement de travail bruyant ou actif peuvent définitivement nuire à cet atout.

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Rigidité

Gestion des urgences ou imprévus

S’adapter rapidement aux situations d’urgence ou aux changements de dernière minute représente une embûche majeure pour énormément d’autistes. Certains deviendront incapables d’agir, et d’autres peuvent se désorganiser (pleurer, devenir confus, fuir, et plus). Il importe de respecter le fait que la personne aura probablement besoin d’être seule ou de bénéficier d’un peu de temps pour s’en remettre. Avertir la personne dès que possible lorsqu’on sait qu’un imprévu va se produire peut aider énormément.

Résistance au changement

Des changements imprévus ou rapides dans l’environnement de travail peuvent être difficiles à gérer.

Rigidité de la pensée

S’adapter ou à être flexible à des tâches ou des idées nouvelles peut demander un effort supplémentaire.

Routines et habitudes de travail

Une dépendance à des routines spécifiques pour maintenir la productivité et le bien-être est souvent présente.

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Diversité des tâches

Plusieurs personnes autistes auront une préférence pour les routines et de la difficulté avec la variété des tâches. D’autres seront à l’aise d’occuper plusieurs rôles, mais ne pourront passer d’un à l’autre rapidement. Certains seront plus efficaces avec une tâche précise, définie par jour ou par bloc d’heures, mais ce n’est pas toujours le cas. La personne pourrait donc beaucoup mieux performer au travail si par exemple, on lui permettait de réunir certains types de choses à faire, ensemble.

Tâches incomplètes

Devoir interrompre une tâche en cours, empêcher la personne de terminer sa mission peut devenir lourd à gérer pour la personne autiste. Il s’agit aussi d’un avantage puisque la personne aura un désir de compléter ce qu’elle a commencé.

Gestion des transitions

Les transitions entre différentes tâches ou parties de la journée peuvent être très énergivores pour la personne autiste. Il est fort possible qu’à ces moments précis de la journée, elle soit moins disponible aux interactions ou qu’elle n’ait pas accès à ses capacités habituelles.

Interaction sociale

Contextes libres

Les situations dans lesquelles les rôles et tâches de chacun ne sont pas définis peuvent créer des malaise ou difficulté dans les interactions sociales, comme les réunions ou les pauses café. Les personnes autistes peuvent avoir du mal à savoir quoi dire, comment agir, comment se positionner, quels gestes privilégier, et plus encore.

Travail d’équipe

Travailler à plusieurs, surtout dans des groupes de plus que deux personnes, peut demander des efforts accrus pour les personnes autistes. Comprendre les tours de parole, le rôle de chacun, le rythme des discussions, les interruptions et la dynamique des rapports de force est souvent particulièrement complexe. Offrir un tour de parole clair à la personne autiste, éviter de l’interrompre, conserver un ton de voix posé et définir les rôles de chacun peut aider. Il peut aussi arriver qu’il ne soit possible que de travailler qu’en équipe de deux, ou pas du tout.

Interprétation des objectifs et des attentes

Les objectifs implicites ou non clairement définis ne seront probablement pas compris par la personne autiste. Il est beaucoup plus simple et efficace d’user de clarté et de précision pour transmettre l’information. De plus, cette approche sera plus efficace avec l’ensemble des employés, qu’ils soient autistes ou non.

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Fonctionnement

Gestion du temps

La priorisation des tâches et la gestion des délais peuvent être des sources de stress importants. En contrepartie, beaucoup de personnes autistes prennent très à cœur la ponctualité et le respect de ces délais. Dans un environnement de travail qui s’adapte à cette réalité, cela peut devenir un réel avantage. Il arrive qu’au contraire, certaines personnes autistes n’aient pas le sens du temps. Dans un cas comme celui-là, des outils tels que le TimeTimer peuvent être très efficaces, car ils fournissent à la personne, un support visuel du temps qui s’écoule.

Nécessité d’un environnement structuré

Pour améliorer leur efficacité au travail, les personnes autistes bénéficient d’un environnement de travail bien structuré et défini avec précision. Cela les rassure, leur donne une idée claire de ce à quoi s’attendre pendant leur journée et leur permet d’aborder leurs tâches avec assurance et confiance.

Établissement des priorités

Déterminer l’ordre des tâches et gérer les interruptions est souvent anxiogène et peut créer de l’incertitude. Un échéancier clair, un ordre de priorité facile à comprendre et des instructions ne laissant pas de place à l’interprétation vont répondre aux besoins de la personne autiste, de savoir ce qu’elle doit faire et dans quel ordre.

Gestion des émotions

Gérer ses émotions au travail peut être particulièrement difficile pour les personnes autistes. Alors que la plupart des personnes non autistes peuvent souvent dissimuler ou reporter l’expression de leurs émotions, pour les individus autistes, cela peut se révéler être un défi, voire parfois insurmontables. Ainsi, des larmes peuvent survenir de manière impromptue, ou de l’anxiété peut émerger dans des situations inconfortables. Il n’est généralement pas constructif de demander à la personne de cesser de pleurer ou de contrôler son anxiété. Il est plutôt conseillé de lui accorder le temps nécessaire pour retrouver son calme, sans exercer de pression supplémentaire.

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Hyperfocalisation

La tendance à se concentrer intensément sur un sujet d’intérêt, parfois au détriment d’autres tâches, est fréquente chez les individus autistes. Cela peut être un avantage ou un désavantage. Dans le cas d’une tâche longue et durant laquelle la personne doit éviter de se laisser distraire, c’est un aspect nettement positif du fonctionnement autistique. Par contre, la personne peut oublier de passer à la tâche suivante. Dans un tel cas, les outils à mettre en place, tels que des rappels ou l’utilisation d’un TimeTimer sont d’une simplicité enfantine.

Gestion du stress

Une sensibilité accrue au stress lié aux tâches ou aux relations interpersonnelles est un défi que beaucoup des personnes autistes doivent affronter. Un respect de leur fonctionnement peut par contre avoir un impact majeur sur ce stress et les rendre confortables, efficaces et heureux au travail.

Défis organisationnels

Pour les personnes autistes, l’organisation du travail ainsi que la gestion des documents ou du matériel peuvent représenter à la fois un atout majeur et un défi considérable. En effet, cette compétence peut prendre une importance capitale pour l’individu, au point de générer du stress si elle n’est pas exercée correctement. Inversement, dans certains cas, l’individu peut bénéficier grandement de l’établissement de méthodes organisationnelles structurées.

Fatigue et épuisement

Pour les individus confrontés à un environnement inadapté, à la méconnaissance ou au non-respect de leur mode de fonctionnement, une fatigue intense peut émerger, souvent liée à l’effort continu d’adaptation et de compréhension du contexte social. Cependant, des actions simples peuvent engendrer un changement significatif. Fréquemment, un ou deux défis prédominent et s’équiper d’outils appropriés ou de simples ajustements pour les surmonter peut transformer radicalement la situation.

Épanouissement personnel et professionnel

Camouflage

Le camouflage ou masking représente l’effort entrepris par les personnes autistes pour cacher leurs caractéristiques autistiques et s’intégrer, ce qui peut conduire à une fatigue extrême. Ces individus sont souvent encouragés à masquer leur véritable identité et leur mode de fonctionnement, ce qui requiert une dépense énergétique importante. Ce processus peut restreindre leur potentiel, engendrer du stress et affecter négativement leurs autres compétences. Créer un cadre sans jugement encouragera les personnes autistes à embrasser leur authenticité (par exemple, en leur permettant de manifester librement leurs comportements comme agiter les mains, sautiller, exprimer leur propre forme d’humour, ou utiliser des outils sensoriels et des objets réconfortants). En favorisant cela, elles pourront exploiter pleinement leurs compétences, améliorant ainsi leur bien-être. Cette approche bénéficiera à tous les acteurs concernés.

Conscience de soi et estime de soi

De nombreux individus autistes vivent avec une sensibilité accrue à leur propre perception et au jugement d’autrui. Souvent, leur parcours est jalonné par une éducation marquée de jugements, de critiques non constructives et de reproches. Il est crucial de reconnaître cette susceptibilité. Adopter une approche positive, en valorisant leurs réussites, en mettant en avant leurs atouts, et en reconnaissant leurs réalisations, peut grandement les aider. Un tel encouragement les aide à s’épanouir dans un environnement professionnel, en leur donnant une meilleure compréhension de leur valeur ajoutée à l’équipe.

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Choix de carrière

Trouver un chemin professionnel qui correspond à leurs intérêts et compétences peut être compliqué pour les personnes autistes. Visualiser l’avenir, faire face à l’inconnu et s’imaginer dans des rôles futurs sont souvent des défis pour elles. De plus, elles ne sont pas toujours conscientes de leurs propres talents et compétences. Une fois intégrées dans une entreprise, elles peuvent limiter leur progression professionnelle, optant pour la sécurité des situations familières. C’est pourquoi le soutien d’un coach de carrière ou d’un conseiller professionnel spécialisé, particulièrement lors des étapes clés de la vie adulte, est crucial pour les aider à naviguer dans leur parcours professionnel et à exploiter pleinement leur potentiel.

Valérie Jessica Laporte

Rédactrice et créatrice de contenu en autisme

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