C'est quoi une surcharge ?En bref
Lorsque les sens reçoivent trop d’information en même temps et qu’ils n’arrivent plus à faire le ménage à mesure, la personne autiste peut se sentir très mal et cela se nomme la surcharge sensorielle. Si ce sont les émotions qui reçoivent trop d’information ou que les émotions arrivent trop vite ou par surprise et que la personne se retrouve envahie par la situation, cela se nomme la surcharge émotionnelle. Il arrive que les deux types de surcharges arrivent en même temps, cela ajoute au défi. Dans tous les cas, c’est un trop-plein que le cerveau doit prendre le temps de gérer.
Qu’est-ce que la surcharge sensorielle ?
La surcharge sensorielle, c’est lorsqu’il y a trop d’information en provenance des sens et que le cerveau n’arrive plus à se coordonner. Pour percevoir, le corps envoie de l’information au cerveau. Pour comprendre le monde qui nous entoure et lui donner du sens, le cerveau doit traduire les informations du corps en sensations puis le cerveau envoie ensuite les informations sensorielles à une autre section pour lui donner un sens. Cela demande énormément de coordination.
La double tâche de triage
En plus des sensations provenant de l’environnement, de l’extérieur du corps, des organes et des sens, le cerveau doit aussi comprendre les d’autres informations venant de l’intérieur comme les émotions, ses intentions et son humeur. Ceci aussi demande encore une fois, beaucoup de coordination.
Qu’est-ce que la surcharge émotionnelle ?
La surcharge émotionnelle, c’est lorsqu’il y a un surplus d’information en provenance des émotions et que le cerveau n’arrive plus à trier. Parfois c’est qu’il y a eu trop d’émotions, ou alors trop de variété dans les émotions ou même une émotion qui n’aurait pas été intense en temps normal, mais qui est arrivée brusquement.
Important
La surcharge émotionnelle peut amplifier la surcharge sensorielle et vice-versa.
Mise en situation
Ludo a joué dehors et a eu chaud toute la journée. Il entre à l’intérieur, et le bruit de la ventilation l’agresse, en plus de causer une sensation de froid sur sa peau, de plus, il sent son chandail humide et collant, ce qui l’irrite. Il n’en a pas tout à fait conscience, car il est occupé à suivre ses amis pour entrer. Lorsque son camarade le critique parce qu’il l’a bousculé, Ludo explose de colère. Habituellement, il aurait peut-être été capable de réagir plus calmement, mais le cumulatif a fait en sorte que de recevoir une émotion négative, c’était trop pour lui.
En grandissant, les autistes peuvent apprendre à mieux identifier les signaux les avertissant qu’il y a une surcharge émotionnelle qui se présente. Cela peut varier d’une personne à l’autre. Voici quelques exemples.
- Gorge serrée
- Envie de pleurer
- Hypersensibilité émotionnelle plus élevée qu’à l’habitude
- Douleur à la poitrine, au thorax ou au cou
- Serrement dans la poitrine
- Sensation de quelque chose qui veut sortir de la gorge
- Difficulté à avaler
- Difficulté à parler
Pour aller plus loin
Il y a une différence entre émotion et humeur. L’émotion, c’est ce que l’on ressent dans le moment présent à la suite d’un évènement qui vient de se produire ou auquel on vient de penser. L’émotion peut changer d’un moment à l’autre au fil des évènements. L’humeur, c’est la trame de fond de l’émotion. C’est un peu comme une émotion, mais moins intense et qui dure plus longtemps. L’humeur change la manière dont on perçoit les évènements. Lorsque l’on est de mauvaise humeur, il peut arriver que l’on se sente fâché pour un commentaire qui n’était pas négatif.
Comment est ressentie la surcharge sensorielle ou émotionnelle ?
Pour les personnes autistes, cela donne l’impression d’un trop plein. Les sensations deviennent agressantes, voire douloureuses ou effrayantes pour certaines personnes autistes. Pour d’autres, elles créent de la confusion. Il devient difficile de bouger le corps. Simplement, savoir comment se positionner et réagir face aux sensations devient difficile.
Certaines sensations que l’on ressent dans notre corps proviennent de nos émotions. De plus, la surcharge sensorielle ou émotionnelle peut amener à vivre des émotions qui s’ajoutent à celles qui étaient déjà présentes. Dans un moment de surcharge, il arrive souvent que la personne autiste ressente du stress, de la peur, de la frustration ou de la tristesse. Ces émotions font vivre des sensations comme avoir mal au ventre, ou sentir ses yeux qui forment des larmes. Parfois, ce sont directement les émotions vécues qui provoquent la surcharge.
Cela peut devenir très intense puisque les émotions causées par le fait de vivre une surcharge se mélangent aux émotions qui ont déclenché la surcharge. Et toutes ces émotions font vivre des sensations.
Surcharge en contexte social
Contrairement à la croyance populaire, les personnes autistes sont capables de comprendre les relations sociales. Leur manière d’être en relation sociale est simplement différente. Comme tous les humains, parfois, être en relation avec les autres, amène à vivre une variété d’émotion. Elles peuvent être autant positives que négatives. Et les émotions peuvent déclencher une surcharge sensorielle, même si elle est positive. Cela arrive plus souvent aux autistes, mais ça peut arriver aussi aux non-autistes. Il est facile de trouver des vidéos de gens qui ne contrôlent par leurs larmes après avoir reçu une belle nouvelle de leur entourage. Ces gens sont contents, mais leur cerveau vit une forme de surcharge émotionnelle!
Surcharge situationnelle
Il peut aussi arriver un évènement important qui fait vivre une surcharge. Par exemple, recevoir une surprise est un évènement important qui peut faire vivre une surcharge. Parfois, les personnes autistes vivent une surcharge à cause d’un évènement important pour eux, mais qui ne semble pas important pour les autres. Il peut s’agir d’un changement dans la routine, une situation inattendue, d’un problème à résoudre, d’une sensation inexplicable, etc. L’humeur peut jouer sur les surcharges sensorielles liées aux émotions. Si plusieurs évènements négatifs sont survenus en peu de temps, cela peut rendre de mauvaise humeur. Si un évènement important arrive, la mauvaise humeur peut augmenter les chances de vivre des sensations désagréables dues à des émotions comme la tristesse, la colère ou la frustration.
Comprendre par l’exemple
Une personne autiste pourrait être en surcharge sensorielle parce que sa boite de biscuits préférée n’est pas dans la même armoire que d’habitude. Cet évènement peut sembler anodin pour les autres, mais c’est important pour la personne. Les personnes autistes utilisent les routines pour réguler leur sens. Cela les aide à demeurer coordonnés. Si la boite n’est pas au même endroit, la personne autiste doit sortir de sa routine et trouver d’autres stratégies pour atteindre son objectif d’alimentation et de réconfort. L’objectif d’alimentation pouvait servir à gérer les sensations que provoque la faim. L’objectif de réconfort pouvait servir à se concentrer sur des sensations agréables pour se remettre de sensation désagréable. La sensation de la faim, et le souvenir des sensations désagréables peuvent déjà demander un effort de coordination pour le cerveau de la personne. Avec la boite de biscuits disparue, c’est toute une stratégie pour se remettre d’un presque trop plein de sensation qui disparait. C’est pour ça que la boite de biscuits disparue devient un évènement important.
Les conséquences
Les surcharges sensorielles se ressentent dans le corps et elles font vivre des émotions. Lorsque la surcharge est trop importante, cela peut occasionner un effondrement (meltdown) ou une fermeture (shutdown). Dans les deux cas, la personne autiste aura de la difficulté à communiquer et en sera peut-être même incapable. La personne autiste vit dans les deux cas une explosion d’émotions et de sensations. Dans le cas de l’effondrement, l’explosion sera visible de l’extérieur par des comportements manifestant de la frustration, de la colère ou de la tristesse. Dans le cas de la fermeture, l’explosion se vivra de l’intérieur. Les autres pourront voir que la personne autiste dans cette situation ne communique plus, ne bouge plus ou est limitée dans ses mouvements et ne répond pas à son nom.
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Quand j’habitais en collocation, il arrivait souvent que quelqu’un mange ce que j’avais prévu manger. La plupart du temps, c’était correct puisque l’on faisait l’épicerie en groupe, donc ils avaient le droit et j'étais d'accord. Mais parfois, c’était la chose que j’avais prévu manger en revenant du travail, ou après une grosse activité. Dans ce temps-là, mes colocs savaient qu’ils devaient m’aider à me nourrir en choisissant quelque chose pour moi. Sinon, j’allais m'effondrer. Pas pleurer ou crier, car j’étais adulte. J’allais juste être sur le divan, ne plus parler, ne plus bouger, ne pas manger, même pas faire une action inutile comme être sur Facebook sans vraiment lire. Rien. Rien pantoute, pendant une ou deux heures. J'étais éteinte.
Catherine, autiste
Éviter la surcharge
La personne autiste qui vit ce trop-plein peut essayer des techniques pour diminuer la quantité de sensation qu’elle reçoit, comme changer de pièce ou mettre un casque antibruit. Il ne faut pas oublier que la surcharge sensorielle, c’est le cerveau qui a du mal à coordonner ses parties pour comprendre ce qui se passe. Le manque de coordination fait aussi en sorte qu’il est difficile de bouger et de prendre des décisions. Bouger aussi, cela fait ressentir des sensations! Donc, si une personne autiste se rend compte qu’elle est en surcharge alors qu’il est trop tard pour éviter un effondrement ou une fermeture, c’est normal. Alors, parfois, même avec les meilleures astuces, il peut arriver de se rendre compte trop tard qu’une surcharge sensorielle arrive pour pouvoir la diminuer. Il est possible cependant d’apprendre des situations de surcharge pour les voir venir avant qu’elle commence.