Camouflage social (masking)

C'est quoi le camouflage social (masking) ?
En bref

Le camouflage, c’est lorsqu’une personne essaie de cacher qu’elle est autiste. Elle imite les autres et s’empêche d’agir comme elle le ferait naturellement. C’est inconfortable, ça demande beaucoup d’énergie et le problème, c’est que si la personne autiste fait ça tout le temps, il arrive qu’elle ne sache plus comme être elle-même par la suite. Le camouflage peut être utile sur de petites périodes, mais trop l’utiliser n’est pas bon pour la santé mentale et physique.

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Le camouflage (masking)

On dit de certaines personnes autistes qu’elles sont des caméléons. Elles sont capables de passer presque inaperçues dans n’importe quel environnement. Et surtout, personne ne pourrait dire en observant leurs comportements qu’elles sont différentes. Tout ceci est possible à cause du camouflage c’est-à-dire de l’ensemble des techniques et astuces utilisées par les personnes neurodivergentes pour ressembler aux neurotypiques. Plusieurs personnes autistes utilisent le camouflage. Les techniques de camouflage utiliser sont très variées. Une personne peut être consciente qu’elle camoufle sa différence. Mais dans beaucoup de cas, la personne ne le sait pas : elle pense que tout le monde utilise les mêmes stratégies pour faire face au quotidien. Dans tous les cas, camoufler demande une grande quantité d’énergie. Camoufler à des conséquences à long terme pour les personnes qui le font.

Le terme populaire du camouflage est masking.

Pour aller plus loin

Définition de neurodivergent : Les personnes neurodivergentes sont toutes celles qui ne sont pas neurotypiques, c’est-à-dire, qui ont des différences neurologiques. L’autisme, le TDAH, la dyslexie, la schizophrénie sont des exemples de neurodiversité, mais il y en a plusieurs autres. En fait, c’est assez commun d’être neurodivergent.

Imitation

Les personnes autistes se font souvent dire que leurs comportements ne sont pas acceptables. Beaucoup de personnes autistes entendent depuis qu’elles sont toutes petites que leur façon de jouer, de bouger, de s’assoir, de communiquer et même d’aimer ne sont pas les bonnes. La réalité est qu’il n’existe pas de guide permettant de connaitre LA bonne méthode pour toutes nos actions quotidiennes qui soit LA bonne en toutes circonstances. Alors, pour utiliser les gestes les plus adéquats possibles, les autistes vont imiter les autres.

Dans l’espoir de trouver LA bonne réponse à chacune des actions du quotidien, certaines personnes autistes deviennent maitres dans l’art d’imiter. Les personnes autistes peuvent imiter des personnes de leur entourage comme un camarade de classe, un frère ou une sœur. D’autres vont préférer imiter une célébrité ou un personnage vu dans un film. Les personnes autistes peuvent changer énormément de détail de leur comportement dans l’espoir de faire les choses de la bonne façon, certains changeront même d’accent!

Quand j’étais petite, je vivais énormément d’intimidation. Alors pour être comme les autres, j’ai décidé d’imiter une camarade de classe, je calquais tous ses gestes afin de faire exactement la même chose. Bien entendu, cela lui a fait peur et les railleries des autres ont empiré. J’ai donc choisi d’imiter la manière de bouger les pieds et les jambes d’un camarade, la position des bras d’un autre, les sujets de conversation de quelqu’un de plus, ainsi de suite. C’était épuisant, cela me demandait beaucoup d’attention et ne me permettait pas d’accéder à qui je suis réellement.

Papillonnage

Contrairement à la croyance populaire, les autistes veulent avoir des amis et une vie sociale. Simplement, leur manière d’interagir avec les autres est différente. Parfois, cette différence fait en sorte que la personne autiste ne parviendra pas à s’intégrer dans un groupe d’amis. Certains enfants autistes vont passer d’un groupe d’enfants à un autre. Ces enfants n’auront pas « un groupe » à eux, mais ils ne sembleront pas seuls. Les adultes auront alors du mal à s’apercevoir que l’enfant éprouve des difficultés à nouer des amitiés. Ces enfants peuvent se sentir isolés, avoir l’impression d’être le « deuxième choix » de tout le monde dans les travaux d’équipe et les groupes de sports en plus de ne pas savoir sur qui compter. Souvent, les enfants faisant du papillonnage réussissent à entrer en contact avec les autres très tôt dans leur vie. Cependant, la plupart du temps, ils ne savent pas comment établir une relation profonde. Lorsque les enfants font du papillonnage pour se protéger des conséquences de la solitude (exemple : éviter de se faire intimider), il s’agit de camouflage. Cependant, le papillonnage peut être sain s’il s’agit d’un choix personnel de l’enfant. Ce n’est pas tous les enfants qui veulent faire partie d’un groupe stable.

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Planifier les interactions

Les personnes autistes ont souvent une manière particulière de comprendre les interactions sociales. Pour éviter d’être rejetés à cause d’une interaction comprise différemment, beaucoup d’autistes vont planifier longtemps à l’avance leurs interactions sociales. La planification est une forme de camouflage. Pour être efficace, la planification est souvent utilisée conjointement avec l’imitation. Bien planifier demande des années d’étude et de pratique. Il faut prendre des notes mentales sur les interactions sociales autour de nous, écouter des séries populaires ou lire des livres de psychologie et s’exercer à jouer différents rôles. Ça demande une grande flexibilité, ce qui est épuisant, surtout lorsque notre équilibre repose sur la routine et la stabilité, ce qui est le cas de la plupart des personnes autistes.

Jouer de l’impro m’a aidé à améliorer mes compétences sociales et surtout à passer pour une ado normale à l’école et avec les amis. Je n’étais pas une grande joueuse. Je n’avais aucun espoir de gagner une étoile de match et c’était rarement moi qui proposais l’idée centrale du jeu. Mes idées étaient trop décalées ! Cependant, j’étais une excellente joueuse de soutien. J’étais capable de m’adapter et de rendre fluide n’importe quelle idée provenant de mes coéquipiers. Dans une série hors compétition, l’arbitre a inventé une étoile pour moi : l’étoile caméléon. J’ai su 12 ans plus tard que j’étais autiste.

Le langage

Les personnes autistes ont une manière de communiquer qui est différente des personnes neurotypiques. Cependant, seule la manière de communiquer des personnes neurotypiques est perçue comme « la bonne façon de communiquer ». Par exemple, les autistes parlant ont tendance à parler de manière littérale (sans sous-entendu) et à comprendre les messages de manière littérale. Lorsqu’une personne autiste ne comprend pas un sous-entendu fait dans une conversation, elle sera considérée comme naïve. Cependant, si une personne autiste parle sans sous-entendu et que les personnes neurotypiques comprennent un double sens inexistant, on dira que la personne autiste a fait une erreur dans sa façon de parler! Ce faisant, beaucoup de personnes autistes apprennent par cœur un tas d’expression et de sous-entendus. Ces personnes vont repenser plusieurs fois dans leur tête des séquences d’interaction pour les analyser et être certaines de n’avoir rien manqué. Tout ça dans le but d’adapter leur langage et leur compréhension au type de communication neurotypique.

Ignorer les particularités sensorielles

La plupart des personnes autistes ont des particularités sensorielles. Cela veut dire que leur cerveau interprète de manière différente les informations provenant de l’environnement. Les personnes autistes peuvent les camoufler. Cela veut dire que les personnes autistes avec hypersensibilités vont ignorer les signaux de douleur générés par le cerveau dû à des sensations trop fortes pour eux. Ces personnes n’utiliseront pas les outils qui existent pour atténuer les sensations comme les casques antibruits, ou des verres fumés. Les personnes autistes avec hyposensibilité peuvent éviter de faire des stims (autostimulation) qui les aident à se situer dans l’espace, comme se pincer ou se gratter.

Beaucoup de personnes autistes choisissent leurs vêtements en fonction de leurs particularités sensorielles. La taille, la couleur et la texture des vêtements ne seront pas choisies en fonction de la mode ou de règles sociales, mais en fonction de ce qui est le plus confortable. Lorsqu’il y a une trop grande pression sociale, une personne autiste pourrait être obligée de changer de sorte de vêtement. Fonctionner dans des vêtements inadéquats demande beaucoup d’énergie et peut nuire à la concentration et au fonctionnement général.

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Les conséquences du camouflage

Perte d’un sens de soi

À force de toujours cacher qui l’on est, il est possible de l’oublier. C’est une grande conséquence du camouflage à long terme. Beaucoup de personnes autistes ayant commencé à camoufler durant l’enfance vont avoir l’impression de ne jamais être devenues qui elles sont vraiment. Cela affecte négativement l’estime de soi. Certaines personnes autistes en viennent même à croire qu’elles ne sont que leur masque ou qu’elles ne sauront jamais vraiment qui elles sont. Heureusement, ce n’est pas vrai, il est toujours possible de se rappeler qui l’on est. Ça demande simplement du temps et de la patience.

J'ai dit à ma grand-mère dernièrement ce qu'était le masking. Pour qu'elle puisse comprendre, j'ai fait tout simple: Le masking, c'est comme une paire de chaussures très inconfortable que tu es obligé de porter lorsque tu sors en public, car elles sont dans la norme de la société. Sauf que toi, tu ne les aimes pas et tu es obligée de les endurer, du début de ta journée jusqu'à la fin. Et donc, j'ai demandé à ma mamie: "Qu'est-ce qui se passe quand tu n 'es pas bien avec tes souliers?" Elle m'a dit "Bin, je voudrais les enlever" Moi: Oui, sauf que vu que tu es en public, c'est mal vu de les enlever. Donc tu fais quoi? Elle: J'attends d'être à la maison pour pouvoir les enlever. Moi: Et imagine la douleur que ça fait, de les avoir dans tes pieds, de les enlever, etc. Maintenant, imagine que tu dois aller prendre un café après ta journée de travail. Tu ne peux toujours pas les enlever! Elle: Alors je les endure jusqu'à la fin, même si je suis hyper tannée de les avoir... Moi: Donc tu vois? C'est ça, mon quotidien: porter une paire de chaussures qui ne me convient pas, mais pour faire partie de la foule, je suis obligé de les porter. Quand j'étais avec mon ex je ne pouvais jamais les enlever alors ça faisait quoi? Je pétais des crises, parce que je n'étais plus capable de m'endurer... Elle a très bien compris où j'allais en venir !

Deux autres points de vue

Les personnes autistes peuvent changer de masque selon la situation. Cependant, certaines personnes autistes n’ont pas l’impression de savoir comment être elles-mêmes sans masque. Aussi, d’autres sont sceptiques à propos de ce sentiment puisque tout le monde modifie son comportement selon les situations. On n’agit pas de la même manière à l’épicerie qu’aux glissades d’eau! Cependant, il y a une différence entre s’adapter aux situations et porter un masque pour camoufler une différence.

Analogie à propos du camouflage

Imaginez une personne qui utilise une canne pour marcher parce que son genou fonctionne différemment. Avec sa canne, la personne peut marcher aussi vite que tout le monde et sans douleur. Imaginez maintenant qu’on lui interdise d’utiliser sa canne et qu’on l’oblige à marcher « normalement » et aussi vite que tout le monde. La personne deviendra rapidement épuisée et risquera de se blesser. Avec le temps, les blessures pourraient faire en sorte qu’il sera impossible pour la personne de retrouver sa démarche à elle, même avec sa canne. C’est ce qui se passe lorsqu’une personne autiste camoufle.

Épuisement

Le camouflage demande énormément d’énergie. Le camouflage peut aussi faire en sorte que les personnes autistes évitent d’utiliser des outils essentiels à leur confort. Par exemple, il n’est pas très subtil de porter des lunettes de soleil à l’intérieur. Donc, une personne avec une sensibilité à la lumière pourrait éviter de les porter. Cela à des conséquences physiques puisque l’inconfort est bien réel. L’énergie supplémentaire dépensée et l’absence d’outils risquent de mener la personne au bout de ses capacités. Il est très commun qu’une personne autiste tombe en effondrement ou en fermeture lors de retour à la maison. Lorsqu’une personne camoufle, elle essaie en même temps de mettre de côté les besoins du corps. Lorsque la personne arrête de camoufler, elle reprend contact avec son corps et ces besoins. À ce moment, la personne se rendra compte qu’elle a déjà dépassé ses limites.

Le camouflage a des effets négatifs sur la santé mentale. Les personnes qui camouflent sont plus susceptibles de vivre de l’anxiété, d’avoir des burn-out autistique ou occupationnel et de vivre des dépressions. Les personnes qui camouflent se retrouvent donc fragilisées sur le plan de la santé mentale.

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Perdre du soutien parce qu’on « n’a pas l’air autiste »

Les personnes autistes qui camouflent risquent d’entendre souvent qu’elles n’ont « pas l’air autiste ». En tant que tel, l’autisme n’a pas d’apparence particulière. C’est tout simplement un « type » de cerveau possible chez les humains. Cependant, se faire dire « tu n’as pas l’air autiste » a des conséquences pour les personnes. Toutes les personnes autistes ont besoin de soutien, mais il est difficile de « prouver » que l’on a besoin d’aide si l’on arrive à faire semblant d’être capable sans soutien ! Il est donc commun que des personnes autistes se fassent refuser du soutien essentiel à leur bien-être. Camoufler peut même retarder le diagnostic. Il devient alors quasi impossible de recevoir le support nécessaire pour les activités de la vie quotidienne, la réussite scolaire ou l’accès à l’emploi.

Les personnes autistes qui camouflent se font aussi dire qu’elles mentent ou qu’elles utilisent des ressources qui ne leur sont pas destinées. Ce n’est pas vrai!

Pourquoi est-il difficile d’arrêter de camoufler

En lisant les effets négatifs sur la santé qu’apporte le camouflage, il peut être tentant de se dire qu’il faut arrêter le camouflage à tout prix. Mais, si le camouflage existe, c’est que la personne autiste a besoin de cacher qui elle est pour être en sécurité. Le camouflage, c’est en résumé, l’ensemble des mécanismes de protection qu’une personne met en place pour cacher sa différence.

Éviter d’être mal interprété

Ne pas camoufler peut apporter des conséquences négatives dans l’immédiat. De nombreux comportements normaux chez une personne autiste peuvent être mal interprétés. Éviter de regarder les gens dans les yeux et donner des explications détaillées peut être perçu comme un manque d’honnêteté.

Les outils pour éviter les surcharges sensorielles peuvent être vus comme une manière « d’attirer l’attention », une façon de « tricher » en classe ou de l’impolitesse. Les stims (autostimulation) peuvent être vus comme une tentative de perturber un groupe. Les réponses honnêtes et littérales aux questions peuvent être perçues comme une façon de jouer l’imbécile.

Ces mauvaises interprétations peuvent diminuer la qualité des services qu’une personne autiste reçoit par un professionnel de la santé et des services sociaux. Dans les pires cas, la personne peut se voir refuser un service essentiel. Surtout lorsqu’il s’agit d’une première demande de service et que l’autisme n’est pas connu de la part d’intervenants ou si le diagnostique n’est pas officiel. Ces effets peuvent être moins grands lorsque la personne autiste a un diagnostic clairement établi avec preuve à l’appui. Malheureusement, ce n’est pas toujours possible d’avoir le diagnostic juste. De plus, certaines personnes ne veulent pas mentionner leur diagnostic à des étrangers.

Attention

Dans certaines situations, il n’est pas possible de camoufler. Sous la fatigue, sous la panique, certains traits autistiques peuvent paraitre. Avoir une carte explicative à remettre en cas de crise peut éviter les mauvaises interprétations. Il n’est pas obligatoire d’écrire « autisme » si l’on est mal à l’aise. La carte n’a pas besoin de venir d’une organisation officielle. Pensez-y, si une interaction avec un étranger menait à une situation extraordinaire, imprévue et inconfortable, aimeriez-vous recevoir des instructions permettant un retour à la normale? Les gens ne demanderont pas d’où vient la carte, les gens seront soulagés de savoir quoi faire et de comprendre ce qui se passe !

Un jour, lors d’une petite crise qui a fait que j’avais de la difficulté à bouger ou à parler, quelqu’un a cru que j’étais victime d’un ACV, mais j’avais juste besoin de quelques minutes pour me remettre d’une sensation qui avait été trop envahissante. La petite carte ‘’Je suis autiste’’ m’aurait beaucoup aidée.

Il peut aussi être simplement plus pratique de camoufler dans une certaine situation. Par exemple, une personne autiste pourrait choisir de camoufler son autisme en allant chercher une commande pour emporter au restaurant. Si la personne autiste est à l’aise de camoufler pour des interactions de courte durée avec des étrangers, il n’y a pas de conséquence négative à le faire. Dans certaines situations d’urgence, savoir camoufler temporairement évitera de ne pas être pris au sérieux, cela est épuisant sur le coup, mais très utile pour être rapidement écouté.

Enlever son masque

Arrêter de camoufler peut-être une expérience importante pour beaucoup de personnes autistes. C’est un processus qui peut être long et qui demande du soutien. Il y a plusieurs raisons de vouloir arrêter de camoufler. On peut vouloir le faire pour prendre soin de sa santé mentale : elle est si précieuse. On peut vouloir le faire pour apprendre à mieux de se connaitre. On peut aussi vouloir le faire pour montrer que l’on est fier d’être autiste. Ça peut même être un acte de solidarité dans certaines circonstances. En effet, ce n’est pas toutes les personnes autistes qui sont capables de camoufler. Donc, lorsqu’une personne autiste qui est capable de camoufler choisit de ne pas le faire, elle participe à rendre les traits autistes normales !

Par exemple, il était mal vu il y a une dizaine d’années d’avoir des stims (autostimulation) dans les lieux publics comme l’école, ou sur son lieu de travail. Il n’était pas acceptable d’apporter, par exemple, un Tangle ou une petite peluche sur soi pour se calmer. Aujourd’hui, de nombreuses personnes neurodivergentes gardent toujours sur elles leur objet de stim préféré. Les stims sont utiles à de nombreuses personnes neurodivergentes telles que les autistes, les personnes avec un TDAH ou un trouble anxieux. Il est donc maintenant normal d’avoir avec soi un objet pour se calmer. Cela aide les personnes autistes qui ne peuvent pas camoufler leurs stims à être mieux perçues en société.

Attention

On n’est pas toujours obligé d’être solidaire. Ce n’est pas grave si l’on choisit de camoufler à un certain moment pour se sentir plus en sécurité ou pour se sortir de situations compliquées. Ce n’est pas parce que l’on a pu s’en sortir sans soutien à un moment où d’autres auraient eu besoin de support qu’on est moins autiste, ou qu’on est moins solidaire des autres.

Conséquences négatives

Arrêter de camoufler apporte aussi des conséquences. Par exemple, il n’est pas rare qu’une personne autiste cherchant à arrêter de camoufler dans une démarche thérapeutique perde de nombreux amis dans le processus. Cela peut créer de la détresse. Imaginons réaliser après plusieurs années de chaleureuse interaction que les gens que l’on considérait comme des amis ne l’étaient que lorsque des mécanismes de protection étaient utilisés. Cela peut créer de la détresse et un grand sentiment de solitude. Cependant, ces conséquences sont temporaires. Les personnes autistes sont autant aimables que toutes les autres et il y aura d’autres types de personnes avec qui développer des amitiés. Par contre, lorsque ça se produit, c’est très douloureux. Il est toujours possible d’aller chercher le soutien de travailleur et de psychologue lors de cette période. De plus, il existe des groupes de soutiens par les pairs officiels dans les CLSC (au Québec) et dans de nombreux établissements postsecondaires. Il existe aussi des groupes de soutien informel sur Facebook. Ces groupes n’offrent pas que du soutien, c’est aussi l’occasion de tisser des amitiés.

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Pour aller plus loin

Certaines personnes sont plus à l’aise avec des interactions plus franches et littérales. Il est plus simple de comprendre les intentions de quelqu’un qui s’exprime de cette manière. Cela peut être parce que la personne a vécu des interactions avec de l’hypocrisie ou simplement parce qu’elle aime les dynamiques plus simples et franches. Dans un tel cas, la personne peut grandement apprécier le fonctionnement des autistes. La perte d’une catégorie d’amis peut mener vers l’acquisition d’une nouvelle catégorie d’amis, qui préfèrent un type de personne autiste ou très directe.

Important

Beaucoup de personnes autistes choisissent d’arrêter de camoufler lorsqu’elles reçoivent un diagnostic officiel d’autisme ou lorsqu’elles traversent un moment difficile au niveau de la santé mentale. Si c’est le cas d’une personne de notre entourage, il se peut que ses comportements changent. Cela ne veut pas dire que la personne le fait exprès, ou qu’elle « joue à être autiste ». C’est important d’être accueillant des traits autistiques de la personne. La personne pourrait arrêter de regarder dans les yeux, changer de style vestimentaire, bouger différemment, utiliser des barrières sensorielles, utiliser un ton ou un accent différent. La personne pourrait aussi être plus honnête dans ses réponses, par exemple, en partageant sa vraie opinion sur des questions du type « est-ce que tu aimes ma nouvelle coupe de cheveux? ». À moins que les actions faites par la personne autiste soient violentes ou offensantes, ce n’est pas une bonne idée de se fâcher contre la personne ou de la rejeter. Arrêter de camoufler devant quelqu’un est un grand signe de confiance. C’est le moment parfait pour mieux connaitre notre proche autiste et aussi apprendre à découvrir les bons côtés de l’autisme. Si vous avez un doute sincère sur votre nouvelle coupe de cheveux, soyez certain que vous aurez l’heure juste avec votre proche autiste qui ne camoufle pas!

Comment arrêter de camoufler

Ce n’est pas facile d’arrêter de camoufler, surtout en public, lorsque l’on a appris à le faire très jeune. Parfois, il faut apprendre à le faire pour la toute première fois! Certaines personnes autistes qui camouflent peuvent avoir l’impression de ne pas savoir qui elles sont. Certaines personnes ont l’impression de ne pas être elles-mêmes. Heureusement, il est impossible d’être quelqu’un d’autre ET il est toujours possible d’apprendre à mieux se connaitre. Voici quelques idées pour apprendre à mieux se connaitre et arrêter de camoufler.

Cibler les camouflages énergivores

Commencer par arrêter les techniques de camouflage qui demandent le plus d’énergie. Lorsqu’un camouflage demande beaucoup de temps de préparation, c’est que les traits que l’on essayait de cacher sont assez forts. Par exemple, si une personne passe beaucoup de temps à choisir ses vêtements, à questionner les autres sur les types de vêtements à porter dans telle ou telle situation, s’oblige à porter des vêtements inconfortables pour mieux paraitre, il y a des chances pour que ce soit le camouflage qui demande beaucoup d’énergie. Il est possible de voir le port de vêtement autrement en se demandant : « qu’est-ce qui est confortable pour mon corps? », ou « est-ce qu’il y a des vêtements que je parviens à « oublier » pendant que je fais d’autres activités? ». Choisir et porter ses vêtements sera certainement moins couteux en énergie !

Demander aux proches

Demander à des proches ce qui nous rend uniques comme personne ou ce qui nous décrit le mieux. Ce n’est pas toutes les caractéristiques données par les proches qui seront des traits autistiques, mais il y a de fortes chances pour que ce soit une bonne description de nous comme personne. C’est vrai que le camouflage sert à cacher les traits autistiques, mais cela peut aussi faire en sorte que l’on camoufle ce qui nous rend uniques. En demandant à des proches ce qui nous rend uniques, on obtient des indices sur comment rester soi-même. Attention, il faut demander à des gens avec qui on est le plus à l’aise possible d’être soi-même. Sinon, on aura une description de nos plus beaux camouflages !

Essayer

Essayer ! Parfois, le meilleur moyen d’arrêter de camoufler est d’essayer des comportements qui nous plaisent, mais que l’on n’ose pas utiliser par peur d’être jugé. Attention, ces comportements doivent être respectueux des autres et des lois, évidemment! Voici quelques exemples de comportement que l’on peut essayer.

Mot de la fin

Chaque personne a le droit au bonheur et cesser de masquer est une des étapes pour y parvenir. Que l’on soit autiste, proche d’une personne autiste, aidant ou allié, il est possible de faire la différence. Être soi-même et permettre aux autres de l’être peut avoir une forte incidence positive.

Catherine Bouchard-Tremblay

Vulgarisatrice scientifique​

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