C'est quoi le mutisme sélectif ?En bref
Le mutisme sélectif, c’est d’être temporairement incapable de parler. Ça peut se produire seulement dans certains types de situation, dans certains lieux, dans certains contextes, ou avec des personnes précises. Il est fréquent que les personnes autistes vivent du mutisme sélectif. Elles ne le font pas exprès, ce n’est pas une forme de contestation ou de rejet de l’autre, c’est simplement que la capacité à s’exprimer par la parole est bloquée. On ne peut pas forcer la personne à parler ou la réprimander.
Le mutisme sélectif se caractérise par une absence de parole dans certains contextes ou avec certaines personnes. Le mutisme sélectif est provisoire et n’est pas volontaire. Le mutisme sélectif n’est pas réservé aux autistes, mais beaucoup d’autistes doivent vivre avec ce défi.
Déclencheurs
Même si la personne s’exprime sans difficulté à la maison et avec sa famille, elle peut soudainement être incapable de parler face à certaines situations. Chaque autiste est unique et les déclencheurs du mutisme sélectif peuvent varier d’une personne à l’autre.
- Anxiété sociale
- Surcharge sensorielle
- Surcharge émotionnelle
- Contact de certaines personnes précises
- Lieux bondés
- Lieux dans lesquels la personne est moins à l’aise
- Présence d’inconnus
- Accent d'un interlocuteur
- Débit ou intonation particuliers d’un interlocuteur
- Utilisation d’une langue seconde en public, même si celle-ci est parfaitement maitrisée
- Situations sociales
Étant donné que comprendre et utiliser le langage de manière appropriée est parfois complexe pour les personnes autistes, il est possible que devant une situation étant interprétée comme à risque d’erreur sociale, la personne perde complètement l’accès à son expression verbale, vu l’anxiété sociale que cela peut générer.
Troubles de l’attention et de la concentration
Le TDAH étant souvent un trouble associé à l’autisme, en ajout à celui-ci, les difficultés liées à l’attention et à la concentration peuvent rendre difficile la participation à des activités nécessitant la parole.
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Important
On ne peut pas et on ne doit pas forcer une personne autiste à parler lorsqu’elle en est incapable.
Aide et traitement
Sans pour autant être éliminés, le mutisme sélectif et ses conséquences peuvent être amoindris. La personne autiste peut être guidée vers des techniques l’aidant à mieux gérer son mutisme sélectif.
Professionnels
Selon les raisons du mutisme, divers professionnels peuvent être d’une grande aide. Il est préférable que le professionnel soit formé à l’autisme et au mutisme sélectif.
- Professionnel de la santé mentale
- Professionnel en psychoéducation
- Professionnel de la parole et du langage
- Professionnel en psychoéducation
- Orthophoniste
- Psychologue
Techniques
Plusieurs techniques peuvent aider à gérer le mutisme sélectif.
- Techniques de relaxation
- Stratégies de gestion de l’anxiété
- Interventions cognitivo-comportementales
- Utilisation et pratique ludique de la parole
Peu importe la méthode qui sera choisie, l’accès à la parole doit se faire dans le grand respect de la personne autiste, au risque de voir celle-ci souffrir lorsqu’elle l’utilisera, ou encore, d’amplifier ses défis reliés à la parole.
Si soudainement je crois percevoir une émotion négative chez un interlocuteur, et plus encore si je pense en être la cause, ma parole peut se bloquer et complètement refuser de sortir. Je sais qu’elle est là, je sais qu’elle existe, mais elle se débat dans un labyrinthe aux portes fermées. Mon cerveau lui refuse complètement l’accès. Il m’est aussi arrivé que cela se produise face à une situation anxiogène. Un jour, je courrais en forêt et nous sommes passés sur un petit pont de bois qui n’avait pas de repères visuels ni d’éléments pour nous retenir de tomber, à gauche ou à droite. Non seulement je suis devenue incapable de me tenir debout, mais ma capacité à parler est disparue en même temps. Cela a pris au moins 30 minutes pour que doucement, les mots reviennent. C’est quelque chose qui nuit à mon autonomie, à ma sécurité et à mes relations avec les autres. Je suis autiste. C’est comme ça. Si on évite de me mettre de la pression, si on m’accompagne et me respecte dans ce défi sans en faire un drame, le retour à la normale se fera plus facilement et plus positivement.
Valérie Jessica, autiste, 45 ans